: Information : La Monastère CORBII DE PIATRA

La Roumanie est infinie. La Roumanie est immense, tout comme l'histoire complète d'un endroit ne peut pas être contenue dans l'esprit.
Corbii de Piatra. Tel était jadis le nom de cet endroit et une histoire infinie le recouvre de son aile. Ainsi se fait-il qu'ici, dans le village Corbi, on a le sentiment de s'enfoncer dans le passé, que des hordes d'ombres confuses envahissent ces contrées énigmatiques, en se mêlant de manière étrange avec les indigènes.
Ils ne sentent rien, ne voient pas les ombres qui se mêlent discrètement parmi eux, ces gens sont absorbés par l'instant éternel de cette vie et par la réussite menue de chaque instant, tandis que les pierres qu'ils foulent suintent, non pas d'eau, mais de souvenirs immémoriaux. Ces endroits ont été depuis toujours habités et certains de ces vieillards croient toujours qu'ici, à Chilii, quelque part au-dessous de la rive en pierre, Dieu a «déposé de sa pomme » les premiers gens. Le voyageur sent, apprend et sait qu'il y a quelque chose de véridique dans tout ça. Il sait que là -haut, au-dessus de l'église taillée en pierre, sur la rive où les corbeaux géants creusaient leurs abris avec les becs et les griffes, ont été trouvées les traces des gens des origines, sait que ces endroits étranges portent en dedans la mémoire du déluge, sait que, dans une autre époque, les tribus de carpes aiguisaient leurs sabres sur la pierre friable et que sur la Plaine de Milieu il y a les ruines brumeuses de Gezidava, le fabuleux château-fort du roi dac Dromichetes, dont les légendes racontent qu'il griffait le ciel avec ses tours et que le soleil perdait son éclat devant le resplendissement de ses richesses. Il sait que les pierres gigantesques étrangement creusées qu'il foule, ont été des autels ensanglantés avant Jésus, que les caves terribles de ces rives des corbeaux ont depuis toujours servi aux révérences devant une filée infinie de divinités successives, que là -haut, au-dessus de la rivière, il y a les dernières pierres du château de Voicu Corvin, fils de Serb et père du légendaire Iancu Corvin de Hunedoara, celui qui allait garder pour toujours le blason du corbeau, en le transformant dans un signe des rois. Une chronique hongroise, celle de Bonfini, après avoir affirmé que Iancu Corvinul Valahul est l'un des grands héros de la chrétienté, parle du lieu de sa naissance, de la plaine appelée « al oii » (du mouton, n. tr.), la plus belle vallée de Valachia Transalpina, où les Corvin avaient leur souche.
Considérée à juste titre une énigme, l'église rupestre « Corbii de Piatra » ne se laisse pas facilement décrite. Il faut y aller pour la voir, payer tribut d'étonnement à sa merveille. Encastrée dans le roc, cachée comme une grotte dans le mur de la montagne, elle ne ressemble à rien : ni aux cellules rupestres de Bozioru, ni à la grotte de Namaiesti, à rien. Et c'est notre unique église qui présente deux saints autels fonctionnels sur le même naos. Les plus anciennes datations de l'église rupestre, en tant que lieu de culte orthodoxe, vont vers la fin du IIe siècle ap. J. Chr., quand on croit que l'église était parfaitement adaptée à celle époque de persécutions, n'ayant aucune liaison avec l'extérieur, seulement une petite porte vers le nord, très bien camouflée et par laquelle on entrait en marchant sur les genoux. L'obituaire du monastère rappelle comme premier fondateur Basarab I voevod, mais la mémoire des indigènes va bien avant cela, en parlant d'un certain Harabovo Voda, au XIIIe siècle ou même Vlad Voevod, vers la fin du XIe siècle.
Etrangement, mais en même temps de manière tout à fait miraculeuse, l'église conserve toujours des grands fragments de peinture : Deisis, Bunavestire, Jertfa lui Avraam, Nasterea Domnului, Întâmpinarea Domnului, Învierea lui Lazar, Botezul Domnului, Schimbarea la Fata, Inaltarea Domnului, Arhanghelul Mihail, Sfintii Militari, Iisus Emanuil. Les caractéristiques stylistiques, la qualité de la peinture, accompagnées exclusivement d'inscriptions grecques, corroborées par les informations documentaires, permettent la datation certaine de l'ensemble au début du XIVe siècle, rendant Corbii de Piatra la demeure avec la plus ancienne peinture de notre pays. L'ensemble rupestre de Corbii de Piatra constitue la preuve concrète pour l'existence des noyaux monastiques de type anachorétique en Valachie, même avant l'organisation de l'église valaque du XIVe siècle.
Le 23 juin 1512, la religieuse Magdalina (nom laïc « Musa », fille et épouse de boyard, propriétaire héréditaire du domaine de Corbi) refonde le monastère de Corbii de Piatra, avec la fête patronale de la Dormition, qu'elle consacre au prince régnant Neagoe Basarab, le monastère recevant ainsi dès sa fondation, le statut de monastère princier, étant aussi le premier monastère de religieuses attesté en documents dans notre pays. Plus tard, le diacre Paul d'Alep, qui accompagne en 1658 le patriarche Macaire de l'Antioche en Valachie, visite aussi l'église en pierre de Corbi, sur laquelle il nous laisse le témoignage que c'était « une église petite, mais très belle, sur les murs de laquelle on peut toujours voir les traces de l'ancienne peinture et qui a été rouverte suite à la vison qu'a eu un saint ermite. »
Fermé entre collines et vallées abruptes, Corbi est, en fait, un bout de monde - un lieu d'où commencent et où finissent presque toutes les routes qui mènent d'Arges en Transylvanie. La montagne n'a jamais séparé, elle a été route secrète de passage, de liaison, d'union - une route « de frères », par laquelle les Roumains exilés de Jina se sont arrêtés à Corbi vers le début du XVIIIe siècle. Ils se sont assis autour du monastère, fait qui a déterminé qu'avec le temps, les moines aimant le silence « isihia(gr.) = silence » recherchent la paix du coeur plus au fond de la montagne, laissant l'église à la nouvelle communauté. Et peu après, les gens, bâtissant une nouvelle église, ont laissé celle-ci en proie au temps. Tout près se trouve la maison bleue de Maria Vladescu, mama Uta, comme tout le monde la connaît. La cour, en fait, ce n'est pas une cour, mais un coin de paradis, avec de l'herbe riche et toute verte, avec un ruisseau qui sillonne la cour à côté de la maison, descendant de la cascade, d'un creux gigantesque du rocher, une sorte d'auget en pierre qui se trouve là , servant à cette femme de clôture et d'abri, comme un immense abri d'hiver pour les moutons, en pierre. Il y a des rochers gigantesques effondrées des temps immémoriaux et qui gisent parsemées partout, et de très haut tombe ce fil d'eau, s'éparpillant dans des milliers de débris translucides. C'est peut-être ici, à l'abri de l'auget en roc, que se trouvaient les fameux camps d'entraînement des croisés de Iancu Corvinul, des chevaliers venus de l'Europe entière pour lutter sous le signe du corbeau portant la croix dans son bec. Inspiré du folklore local, l'écrivain Alexandru Odobescu - chercheur passionné et avisé des « antiquités » zonales - consignait, dans un rapport de l'année 1861, la présence, au début du XVIIe siècle, d'une autre armée, auprès du monument. « Dans le village de Corbi, il y a une petite église taillée dans la roche, où on dit que se sont réunis les restes de l'armée de Mihai Viteazul, après l'assassinat de Turda. »
Sur l'un des murs du creux de grès, un passionné de l'histoire locale a découvert le pied d'un géant, fixé en pierre, sous la corniche de la montagne, avec le talon sorti en extérieur et la cuisse couchée dans un repos sans fin. Maintenant on voit aussi son bras droit et la tête, tombée, on la connaît par intuition, en bas, de morceaux de grès. Le géant, les villageois l'ont simplifié. Et au-dessus de lui, modelé toujours en pierre, se montre une tête. Serait-ce un dinosaure ? Peut-être. Ou, probablement, E.T de Spielberg ? Chacun avec son imagination.
De toute façon, au coeur de Muscel, chez « Corbii de Piatra », on pourrait tourner le plus remarquable film sur des pierres et des rochers, sur des légendes et des géants, sur des ermites et des hommes fermes dans leur foi - comme Elisabeta Rizea de Nucsoara - un film poétique, comme une méditation prolongée et silencieuse, comme une déclaration du tressautement du coeur, comme une prière. Les souvenirs, quelques éloignés qu'ils soient, ne périssent pas avec les gens, mais s'habillent des vêtements de conte, en faisant une avec la place.
Corbii de Piatra. Ainsi se nommait jadis cet endroit. Et un mystère béni couvre aujourd'hui son histoire.
Note: Cet historique est une compilation des articles parus en "Formula As" sous la signature des MM. Sorin Preda et Horia Turcanu, corroborés aux éléments mis à la disposition par le professeur Grigore Constantinescu et le prêtre Petre Grigorescu, et des données recueillies des Archives Nationales et des écrits de M. C-tin. Radulescu-Codin, historien, et de Mme Clara Laura Dumitrescu, critique d?art.

Moine ordonné prêtre Ignatie G.
Note: Cet historique est une compilation des articles parus en "Formula As" sous la signature des MM. Sorin Preda et Horia Turcanu, corroborés aux éléments mis à la disposition par le professeur Grigore Constantinescu et le prêtre Petre Grigorescu, et des données recueillies des Archives Nationales et des écrits de M. C-tin. Radulescu-Codin, historien, et de Mme Clara Laura Dumitrescu, critique d?art.

Moine ordonné prêtre Ignatie G.

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